Qu’est-ce que cumuler les freins à l’emploi ? C’est par exemple, comme Séphana, résider dans un territoire qui souffre économiquement, avoir de jeunes enfants et être maman solo. Ondaine Agro a développé un projet spécifique pour ce public avec des horaires adaptés : le lavage de véhicules sans eau, cofinancé par le FAPE EDF. Séphana a ainsi pu trouver son premier emploi.
La vallée de l’Ondaine, au sud de Saint Etienne, fait face à de grandes difficultés tant sociales qu’économiques. Ancien territoire minier, la vallée manque d’attractivité depuis l’arrêt de ces activités. Seule structure d’insertion implantée sur ce territoire, Ondaine Agro constate que peu de mères isolées accèdent aux emplois qu’elle propose. En 2024, elle crée donc un parcours d’insertion spécifique pour ce public, avec des horaires adaptés, sur une activité de nettoyage.
J’ai 26 ans. J’ai été embauchée début 2024 en tant qu’employée polyvalente, principalement dédiée au lavage de voitures. Je commence à 8h45 et je termine à 15h15, sur quatre jours par semaine. Ca me laisse le temps de déposer mes enfants le matin à l’école, puis de les récupérer à 16h30. J’ai une formation de coiffeuse, mais ayant des enfants de 5 et 6 ans, je n’ai jamais pu travailler avant d’arriver chez Ondaine Agro. Les horaires n’allaient jamais avec mes contraintes personnelles. Je vivais du RSA », explique Séphana. Dans sa voix enthousiaste et pleine d’énergie pointe la fierté d’avoir désormais un emploi.
La vie sociale retrouvée
« On nettoie tout type de véhicules : des voitures, des camions. On a les particuliers, des professionnels. On lave l’intérieur et l’extérieur. Sans eau. On fait tout au produit et au chiffon. C’est plus écologique ». Cette manière de procéder est un argument de poids auprès des clients d’Ondaine Agro. C’est aussi très motivant pour les salariées que leur activité respecte l’environnement.
« On travaille par deux : une qui nettoie l’intérieur et l’autre qui fait l’extérieur. Et quand il y en a une qui a fini en premier, on se relaie, on s’aide ». Tout cela est nouveau pour Séphana, avoir des collègues, faire équipe, se soutenir. A son enthousiasme, on sent que ça la porte et qu’avoir une vie sociale, un travail l’épanouit. « Avant je n’étais que chez moi, à m’occuper de mes enfants. Quand je viens ici, je suis contente de voir du monde. En plus, on s’entend tous bien ! ».
Récemment, Ondaine Agro a célébré ses dix ans d’existence. L’occasion de faire une grande fête avec les salariés, leur famille et les acteurs du territoire. « On a amené nos enfants, on a préparé un buffet. Le soir, les patrons ont fait un discours et ont présenté l’équipe. Il y avait beaucoup de monde : des clients, des entreprises, des élus, qui ont parlé très positivement des salariés. Entendre qu’ils sont contents, ça fait plaisir ».
Envisager l’avenir
Séphana sait que derrière le FAPE, il y a les salariés et retraités du groupe EDF qui font des dons au profit de l’insertion par l’emploi. Consciente d’en bénéficier, elle leur en est reconnaissante. « C’est grâce à eux qu’on peut financer les projets, acheter du matériel. Merci à eux ». Pour sa part, cela fait plusieurs mois maintenant qu’elle travaille chez Ondaine Agro qui l’accompagne également pour bâtir son projet professionnel. « Pour l’instant je ne suis pas encore fixée, mais on y travaille ! ».
LE SAVIEZ-VOUS ? Un CDDI (I pour insertion) dure vingt-quatre mois au maximum, l’objectif étant de servir de tremplin pour la suite. Chez Ondaine Agro, en moyenne, les salariés restent entre onze et treize mois. Selon les années, le taux de sorties positives (c’est-à-dire le fait de trouver un emploi en CDI ou en CDD long ou bien d’entamer une formation professionnalisante) s’établit entre 50 % et 75 %. Cela dépend de l’importance des difficultés et des freins à l’emploi que les salariés rencontrent. |